Entre les meubles immobiles, sourds, et morts,
Le bruit d'un monotone appareil électrique:
"Presser ici." Va, bouge, stupide technique!
- Assez ! - Puis, débranchée, la machine dort.Partout ces gestes, ces paroles méchaniques,
Des politesses stériles, le vide au coeur.
Toujours à l'heure fixe, acceptons sans stupeur
Les fils débranchés, cette trève spécifique.Moi aussi, soulagé que ma vie soit la leur,
Cultivant l'apparence et l'oubli, je fonctionne.
Mais dans la carcasse s'accumule et bourdonneL'énergie indigène qui fait mon bonheur:
Elle vaincra la physique qui me dévore
Et te rendra uniquement ce qui t'adore.
|
|
|
|
|
|
Je te verrai sous mille formes différentes:
Soit la lune, une étoile, un rayon de soleil.
- Quel miroir! - et soit la moindre flamme ardente:
Miroir de tes yeux, tremblant, aux reflets vermeils.Je t'entendrai où que ce bruit rythmique décèle
La pluie ou la neige dont ma vitre reçoit
Les souvenirs chéris de la mer qui m'appelle
Doucement, - comme toi quand tu es près de moi.Même quand tu es loin, chaque air doux qui me touche,
C'est tes mains, ta tendresse; c'est communiquer
Au froid de ma joue la chaleur de ta bouche:Mille fois par semaine je te sentirai.
- Me passerais-je donc de ta présence, peut-être?
Mais la nature n'est qu'une ombre de ton être!
|
|
|
|
|
|
Les branches des pins, on n'y pensait guère,
La mer agitée nous ensorcelait.
Les âmes fondues avec ciel et terre,
Lucides, muets, on s'y accordait,Sous les branches des pins
Que remuait un vent
Dont le souffle salin
Parcourt les pleurs d'antan
De nos branches de pin.
Nous voilà vibrant sous les pins en fleur,
A peine surpris qu'un voile doré
Vînt ruisselant sur nos corps, nos coeurs,
Nos rêves d'amour si doux à rêverSous les branches des pins
Que remuait un vent
Dont le souffle salin
Parcourt les pleurs d'antan
De nos branches de pin.
Dehors un grand pin posait plein d'orgueil,
Racontant tout bas notre amour divin,
Nos bonheurs suprêmes, à un écureuil
Qui, las des écailles, nous cherchait en vainSous les branches des pins
Que remuait un vent
Dont le souffle salin
Parcourt les pleurs d'antan
De nos branches de pin.
Les vieux pins souffraient sous le vent du nord.
Leurs aiguilles vertes qui se sont dressées
M'ont percé le coeur, m'ont puni à tort
Quand je t'ai quittée, quand je t'ai laisséeSous les branches des pins
Que remuait un vent
Dont le souffle salin
Parcourt les pleurs d'antan
De nos branches de pin.
Des branches de pin, j'en trouve partout:
Mourant dans un vase et sentant la grève,
Ces débris me font un souvenir doux,
Doux comme l'image de toi dont je rêveSous les branches des pins
Que remuait un vent
Dont le souffle salin
Parcourt les pleurs d'antan
De nos branches de pin,
De nos pins.
|
|
|
|
|
Voilà la neige qui tombe, qui caresse,
Qui infiniment de sa chaude douceur -
Reflet de sa toute-puissante tendresse -
Enlace et abrite les futures fleurs.O toi, merveille céleste infortunée,
Connais-tu ton sort? Sais-tu ce qui t'attend?
Tu sers de jouet; tu seras la risée;
On te foule aux pieds, las, et en t'ignorant.Viens, ma soeur, rejoins la pure flamme blanche
Abreuvée de pleurs et d'âpres soupirs!
Prévenons cette douloureuse avalanche
Qui ne cherche qu'à nous éteindre et noircir!Mon ardeur, qui te rend à ta propre vie,
Tu l'emmènes, nuage irrisant et clair:
Toi et moi, inséparablement unies,
Nous aurons en revanche tout l'univers.
|
|
|
|
|
|
fin de cette page -
webmaster info: version 30.08.2001